Pothier, Joseph - Salutatio Angelica

public domain  for solo voice / unison choir

year of composition: ??? / first publication:: 1903


Composer: Joseph Pothier (1835–1923)

Composer: ??? Anonymous / Unknown
Composer: Joseph Pothier (1835–1923)  ???
aliases, aka: Dom Joseph Pothier, O.S.B.; Dom Joseph Pothier of Solesmes; The Most Reverend Abbot Dom Pothier
Country of origin / activity: France / Belgium / Italy
The melodies in 'Cantus Mariales' were first published in 1903 by Dom Pothier.
It is not clear whether these are new compositions or simply transcriptions of a traditional Gregorian melodies.
Text author: traditional
Arranger / Editor: Dom Joseph Pothier, O.S.B. (1835–1923)

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Internet references, biography information:

http://en.wikipedia.org/wiki/Joseph_Pothier

From Wikipedia, the free encyclopedia

Dom Joseph Pothier, O.S.B. (1835–1923) was a worldwide known French prelate, liturgist and scholar who reconstituted the Gregorian chant.

Overview
Born in 1835 at Bouzemont, France, Dom Joseph Pothier joined Solesmes Abbey (1859) as a Benedictine monk under Abbot Dom Prosper Guéranger. He later was made sub-prior of Saint-Pierre-de-Solesmes (1862–1863 and 1866–1893), then superior of Saint-Martin-de-Ligugé Abbey (1893-1895 in Ligugé, 1895-1898 as deputy to Saint-Wandrille on behalf of Ligugé Abbey). He was eventually appointed abbot of Saint-Wandrille-de-Fontenelle (installed on the abbey throne on July 24, 1898), the Benedictine abbey in Saint-Wandrille-Rançon, Normandy - closed during the French Revolution - he had refounded since 1895, becoming its first abbot since the French Revolution, and also its first regular abbot since the 16th century.

The Most Reverend Abbot Dom Pothier moved from France to Belgium with his exiled community in 1901, following the French 'Associations law' against religious congregations passed by Minister Waldeck-Rousseau.

Music
A musicologist, disciple and collaborator of Solesmes Abbot Dom Prosper Guéranger, Dom Pothier contributed to the reconstitution, the restoration and the renewal of the Gregorian chant, a form of monophonic, unaccompanied sacred song of the Roman Catholic Church. He was later, 1904 by Pope St. Pius X, appointed president of the Pontifical Commission on the Vatican Edition of the Gregorian Liturgical Books. As chairman of this commission for the reconstitution of the music of the Roman Catholic Mass, Dom Pothier lived in Rome from 1904 till 1913.

Besides being the composer of many Gregorian songs (Officium Defunctorum, 1887) and the writer of a huge amount of articles, Dom Pothier was also the head and editor of the Revue du Chant Grégorien (1892–1914) - supervising the publication of several works (Hymnes, Christmas office, Antifonario, Cantus mariales) -, the founder of the Paléographie Musicale publication for the dissemination of medieval liturgical manuscripts, and the author of a new edition of the choir books based on manuscripts of the Gregorian chant and of several studies on the plainchant, including Les mélodies grégoriennes d'après la tradition (Gregorian Melodies According to the Tradition), 1880, which became the standard work on the subject.

His Liber Gradualis, 1883, marked the beginning of a reform in liturgical chant and was used as a basis for the Gradual Vatican which was published, under his responsibility, in 1908.

Dom Pothier died at the Priory of Conques, Belgium in 1923. In 1912, he had founded with his exiled community of St. Wandrille a new priory in Canada, Saint Benedict Abbey, Quebec, which later became independent within the Solesmes Congregation.

 
http://xavier.mail.online.fr/BiographieDomPothier.htm

Dom Joseph Pothier, Restaurateur du Chant grégorien

Dom Joseph Pothier, O.S.B (1835-1923) est un prélat et liturgiste français, réformateur du chant grégorien.

Prêtre du diocèse de Saint-Dié (1858), « que son évêque avait laissé partir à regret », et moine bénédictin de l'abbaye de Solesmes (1859), d’abord professeur de théologie et sous-prieur (1862-1863 et 1866-1893) de Saint-Pierre de Solesmes avant d’être sollicité et obtenu comme prieur claustral (1893-1895) de l'abbaye Saint-Martin de Ligugé (« l'illustre restaurateur du chant grégorien, Dom Joseph Pothier, était Sous-Prieur lorsque mourut Dom Couturier ; son successeur le maintint en charge. Mais, à la fin de mars, l'Abbé de Ligugé et un groupe de ses moines demandèrent, par pétition écrite, de l'obtenir comme Prieur »), il est ensuite envoyé par l’abbaye de Ligugé comme prieur simple (1895) et supérieur (1895-1898) de l’ancienne abbaye normande Saint-Wandrille de Fontenelle qu’il relève avant d’en être nommé abbé le 22 juillet 1898.

Installé sur le siège abbatial le surlendemain (24 juillet 1898), il est le 76ème abbé de Saint-Wandrille (« reconstitué en abbaye sous l'influence de la Congrégation bénédictine de Solesmes, qui lui a donné pour premier abbé l'un de ses moines les plus distingués, dom Joseph Pothier, d'origine lorraine, né dans le diocèse de Saint-Dié », « un de leurs plus illustres abbés, restaurateur du chant grégorien »), son 1er abbé depuis la fermeture de l'abbaye au début de la Révolution française et son 1er abbé régulier depuis le XVIe siècle, recevant la bénédiction abbatiale conférée solennellement selon le rite du pontifical le 29 septembre 1898 en l'abbaye de Saint-Wandrille par S. Em. le cardinal Sourrieu, archevêque de Rouen et primat de Normandie, délégué du Saint-Siège, assisté du Rme dom Delatte, abbé bénédictin de Solesmes et Supérieur général de la Congrégation de France, et du Rme dom Bourigaud, abbé bénédictin de Ligugé (abbés assistants), en présence du Rme dom Gauthey, abbé bénédictin de Sainte-Marie-Madeleine de Marseille, du Rme dom Guépin, abbé bénédictin de San Domingo de Silos (Espagne), et du Rme dom du Coëtlosquet, abbé bénédictin de Saint-Maur de Glanfeuil ; « un moine illustre, Dom Joseph Pothier, digne héritier des grands érudits du Moyen âge et du XVIIIe siècle, tenait la crosse abbatiale ».

« C'était un bon vieillard au calme olympien, d'aspect un peu fruste. Ce vosgien solide, dès son ordination, avait abandonné son diocèse natal pour se ranger, à Solesmes, sous la crosse de dom Guéranger. Dom Besse, comme En Route l'indique, avait entretenu Huysmans du labeur prodigieux de cet érudit de grande classe qui, après de patientes recherches dans les bibliothèques de France, de Suisse et d'Allemagne, était parvenu à retrouver les vraies Mélodies grégoriennes, telles qu'elles existèrent au Moyen âge » : « Son travail fut capital pour la restauration du chant grégorien. Il donna, le premier, une transcription mélodique exacte des neumes et précisa l'accentuation de la phrase en fonction du mot latin ».

C’est à Solesmes que le Rme dom Pothier avait débuté la réforme du chant grégorien : le « savant restaurateur des mélodies grégoriennes » fut d’abord un disciple (« dont la renommée devait faire disparaître temporairement le souvenir de son maître ») et collaborateur de dom Guéranger (« son élève et successeur, Dom Joseph Pothier, vrai musicien et grand médiéviste, entreprit le répertoire photographique, synoptique et commenté de tous les manuscrits du plain-chant »), premier abbé de Solesmes qui était lui-même un grand admirateur de dom de Jumilhac (« le dom Pothier du XIIIème siècle »).

« Dom Guéranger n'avait pas la science des manuscrits et des détails ; il n'eut jamais la prétention d'approfondir la question du chant grégorien, mais c'est lui qui a inspiré Dom Pothier et commencé la réforme par celle du chœur de Solesmes » ; il impulsa en son monastère des recherches de grande envergure sur les manuscrits de chant, chargeant dom Pothier (« on raconte qu'un jour, à la bibliothèque de Solesmes, Dom Guéranger surprit le frère Pothier captivé par la lecture d'un livre sur le chant »), l'un des principaux acteurs ayant contribué à la renaissance et à la restauration du plain-chant, de copier les manuscrits les plus intéressants au point de vue musical : « Dom Pothier mena ensuite un travail important » - « Le R. P. Dom Joseph Pothier nous permettra-t-il de le citer en tête des fils de Dom Guéranger, qui continuent avec le plus d'autorité l'œuvre du Grand Abbé? Par ses Mélodies Grégoriennes, publiées l'année dernière, D. Pothier veut nous faire revenir au véritable chant grégorien comme Dom Guéranger nous a ramenés à la liturgie romaine » - et « ses études des manuscrits de chant grégorien eurent un retentissement dans toute l'Église et mirent en branle un mouvement de renouveau du chant sacré qui recevra l'appui résolu de Pie X au début du XXe siècle ».

Eminent musicologue, « le célèbre dom Joseph Pothier » (« l'ouvrier infatigable d'une autre réforme non moins nécessaire, celle de l'unité de chant »), « un prélat qui avait, dans l'Eglise de Dieu, conquis les titres de grande naturalisation, par la restauration du chant grégorien à qui son nom demeure attaché (dom Delatte) », a ainsi effectué de nombreuses et importantes recherches sur les neumes - « "Dom Pothier fit preuve, et du premier coup, d'une sûreté extraordinaire dans sa traduction des vieux manuscrits". Quand ses travaux furent connus, on n'hésita pas à lui décerner le titre de "Champollion des neumes" ! » - au cours de vingt ans d'études et de voyages dans plusieurs pays (1860-1880) ; « le nouveau Maître qui vient de se révéler au monde savant, semble sortir immédiatement de l'école même de saint Grégoire, tant il se montre en possession absolue des éléments qu'il s'agissait de faire revivre dans toute leur beauté native, tant se développe limpide, lumineuse, indiscutable, la méthode d'exécution qu'il a reconquise avec non moins de génie et de bonheur » (« Dom Joseph Pothier se mit à l'œuvre avec une généreuse ardeur, lisait les œuvres théoriques anciennes et modernes, suivait les discussions des musicologues ; il étudiait les manuscrits, traduisait les neumes, prenait des notes, copiait des Graduels entiers. De très bonne heure, il avait reconnu l'incomparable valeur des manuscrits sangalliens, et en 1866 il collationnait L'Antiphonaire 359 de Saint-Gall, qui servit de base, avec les autres manuscrits du même monastère, aux travaux de reconstitution »).

Spécialiste de renommée internationale (« universellement connu comme grégorianiste ») de la musique sacrée et du chant de l’Eglise (« le renouveau la musique liturgique défendu par des avocats renommés comme dom Joseph Pothier », conférencier reconnu et autorité en la matière (« Moine dans toute l'acception du terme, père d'une inaltérable bonté, il fut encore un érudit de premier ordre et un plain-chantiste éminent. En 1880, il s'était déjà fait connaître par son important ouvrage sur Les mélodies grégoriennes d'après la tradition, et le grand pontife réformateur Pie X devait trouver en lui l'un de ses plus précieux collaborateurs ») - « le Pape lui écrit de sa main une lettre où il ne cache pas la grande part qu'a le savant abbé dans la restauration du chant traditionnel de l'Eglise » - et auteur d'une multitude d'articles et essais sur le « pur chant grégorien », « Dom Pothier devint universellement célèbre lors de l'apparition, en 1880, de son admirable ouvrage Les Mélodies Grégoriennes. Pour la première fois, l'esthétique du chant grégorien était exposée avec clarté et les grandes lignes du rythme qui lui est propre, déterminées avec le goût, la science et le sentiment les plus sûrs. Mais, les plus beaux travaux théoriques auraient eu peu de portée sans la publication des textes musicaux ; alors se succédèrent sous la direction du savant religieux ces célèbres « Éditions de Solesmes », appelées à se répandre si rapidement dans le monde entier » - « l'ouvrage qui débrouille, qui fit cette renaissance est de mon compatriote dom Pothier, les Mélodies grégoriennes, chez Desclée. Il vit encore à Rome. Ce jeune homme de Saint-Dié alla à Solesmes » (Maurice Barrès).

En écho à ces « lumineux enseignements si magistralement exposés par Dom Pothier dans ses Mélodies grégoriennes » : « Nous acceptons volontiers et avec plaisir le travail que vous avez publié sur la musique en raison de ses propres mérites. Nous savons en effet, Cher Fils, avec quelle intelligence vous vous êtes appliqué à interpréter et à expliquer les antiques monuments de la musique sacrée, et comment vous avez mis tout votre zèle à montrer à ceux qui cultivent cet art la nature même et la forme exacte de ces anciens chants, tels qu'ils ont été autrefois composés, et tels que vos pères les ont avec grand soin conservés. Nous pensons, Cher Fils, qu'il faut en cela louer non seulement vos efforts à poursuivre une œuvre pleine de difficultés et de labeur, qui vous a demandé plusieurs années d'un travail assidu, mais aussi l'amour dont vous vous êtes montré particulièrement animé envers l'Église romaine qui a jugé digne de tenir toujours en grand honneur ce genre de mélodies sacrées que recommande le nom de saint Grégoire le Grand. C'est pourquoi Nous désirons vivement que Nos lettres vous soient un témoignage de Notre recommandation pour les remarquables études que vous avez consacrées à l'histoire, à la discipline, à la beauté du chant sacré » (Léon XIII).

« L’illustre abbé de Saint-Wandrille » fut également le compositeur de nombreuses œuvres en style grégorien (Officium Defunctorum, 1887) et a dirigé la publication de plusieurs éditions de la chanson religieuse (Recueil d'hymnes, Office de Noël, Antifonario, Cantus mariales). Il fut en outre le directeur de la Revue du Chant Grégorien (1892-1914) et son Liber Gradualis servit de base au Graduel Vatican (œuvre de « la distinguée Commission vaticane et de son savant président, Dom Joseph Pothier ») qui parut, sous sa direction, en 1908 - année qui voit « le couronnement de ses efforts » : « sa bataille pour la restauration du chant grégorien suscita des résistances acharnées et des inimitiés inexpiables au sein de l'appareil ecclésiastique. La victoire totale et définitive surviendra en 1903, avec l'avènement de Pie X »).

« Le Liber Gradualis parut en 1883, le Directorium Chori en 1884, l'Antiphonaire en 1891 ; aussitôt, l'émoi fut grand chez les musiciens : chacun voulut courir à cette source intarissable de pure mélodie : après Liszt, Saint-Saëns, Widor, Alex. Guilmant, Gigout, qui à maintes reprises s'étaient, dans leur œuvre symphonique ou vocale, si heureusement inspirés de motifs tirés de l'antique plain-chant, voici Gabriel Fauré, Vincent d'Indy, Claude Debussy, Maurice Ravel, qui se plurent à rechercher dans l'art grégorien le secret enchanté de la souplesse rythmique, de l'élasticité légère de l'accent, et de l'émancipation de l'harmonie. Le vieil arbre grégorien refleurissait, un parfum nouveau embaumait la musique française, les artistes étrangers observaient curieusement ce printemps délicieux... et tout cela était dû au patient labeur d'un humble fils de Saint Benoît ».

« Le riche manteau, tout damassé d'admirables cantilènes, que saint Grégoire vit un jour sur les épaules d'une muse divine, repose aujourd'hui sur les vôtres. En effet, si l'illustre pontife revenait parmi nous, où pourrait-il trouver ailleurs que dans votre œuvre les saintes mélodies que vous avez si heureusement rétablies d'après la plus tradition grégorienne ? » (Mgr Foucault, évêque de Saint-Dié)

Exilé en Belgique avec sa communauté dès 1901 à la suite de la loi Waldeck Rousseau sur les Associations et contre les congrégations religieuses (« sa féconde carrière devait rencontrer bien des épreuves - On dut déménager hâtivement et se réfugier sur le sol de l'hospitalière Belgique »), le Rme dom Pothier devient en effet membre de la Curie pontificale en 1904 comme consulteur puis président de la Commission pontificale pour la musique et le chant sacré et est nommé par le pape Pie X président de la Commission pontificale pour l'édition vaticane des livres liturgiques grégoriens la même année (25 avril 1904) - « en tête de ces savants on trouvait naturellement les Bénédictins, avec l'illustre dom Pothier ». A ce titre, il réside à Rome de 1904 à 1913 (sa dernière audience avec le souverain pontife ayant lieu le 23 décembre 1912).

« C'est la gloire de Dom Pothier et de l'école de Solesmes que d'avoir ressuscité ces antiques cantilènes qui sont la vraie musique de l'église, la seule en somme, car tous les musiciens les plus forts, depuis Palestrina jusqu'aux maîtres de nos jours, ne sont jamais parvenus, lorsqu'ils ont voulu traduire les proses liturgiques, à égaler la valeur de certains de nos Kyrie du Pater et des Vêpres, voire même de nos Credo ».

Philologue (« il est le maître musical du chœur bénédictin » et « a fait de Solesmes l'école normale du plain-chant », J. Combarieu), président d'honneur de la Société de l'histoire de Normandie, abbé fondateur (1912) de la future abbaye de Saint Benoît du Lac (Québec) au Canada (« C’est à lui, sans aucun doute, que l'abbaye de Fontenelle est redevable de sa solide formation première ; en tant qu'abbé de Saint-Wandrille, il faut le voir comme le père de la fondation de Saint-Benoît-du-Lac »), nommé chanoine d’honneur de la cathédrale de Saint-Dié en décembre 1898 après avoir décliné une précédente nomination (« L'évêque de ce diocèse, Mgr Foucault, voulut le nommer chanoine honoraire, alors qu'il était simple religieux. Dom Pothier refusa, n'étant pas autorisé, et ne pouvant pas l'être »), « le Révérendissime abbé de Saint-Wandrille, le vénéré Dom J. Pothier » est présent en 1901 comme prélat à l’ordination épiscopale de Mgr Canappe, préconisé évêque de Basse-Terre (Guadeloupe), en la cathédrale de Rouen, et assiste à la consécration des quatorze évêques français sacrés par le pape Pie X le 25 février 1906 en la basilique Saint Pierre de Rome (« Bellaigue se trouvait à Rome au moment de la consécration par Pie X, à Saint-Pierre, de quatorze évêques français. Il venait d'être guidé en bonne place par le majordome Mgr Bisleti [Maggiodomo di Sua Santita - futur cardinal], tandis que Dom Pothier, bonnement, avec la modestie qui le caractérisait, se trouvait mêlé au « parterre » des assistants : "J'ai vu le brave Dom Pothier dans la foule et je l'ai fait venir à ma place avec une juste humilité... Près de moi la princesse Rospigliosi et à côté d'elle les deux sœurs du Pape, avec leur grosse mantille, leur robe d'ouvrières et leurs mains laborieuses. Le Saint Père a donné à chacun sa croix pastorale et n'a pas voulu que l'enregistrement des bulles coûtât un sou à ses évêques de France. Puis les évêques sont partis en procession, toujours suivis par le long regard du Saint Père. A son tour il s'est levé, s'est arrêté en passant près de Dom Pothier et de moi, a donné une tape à l'un, à l'autre un sourire qui a fort intrigué nos voisins. Le soleil inondait Saint-Pierre, le Te Deum était déchaîné. Le Saint Père officie avec une dignité, un sérieux sans pareil. Il prie, il prie sans un moment de lassitude, absent même du cérémonial, enfoncé dans sa méditation. Et ça été charmant quand il est passé près de nous, de voir cette détente soudaine de son visage et cette échappée de cordialité familière... Pie X, qui connaissait et appréciait Dom Pothier depuis de longues années, après l'avoir connu et entendu au Séminaire français, bien avant d'être pape, témoignait en toutes circonstances son affection au bon et savant Père Abbé. Quand il le reconnaissait dans un groupe, au cours d'une audience collective, il avait toujours pour lui un sourire aimable et un petit mot délicat" »).

« Erudit, homme versé entre tous dans la science de la liturgie et à juste titre célèbre dans la discipline du chant grégorien (Pie X) », « l'illustre et modeste maître à qui, comme l'a déclaré Pie X, mieux que personne "la cause du chant grégorien est grandement redevable" » à qui « doit aller la reconnaissance de tous les amis du chant de l'Église » en raison de son « travail extraordinaire dans cette cause » (Pie X) et que le pape « félicite, une fois encore, pour le fruit de ces travaux », célèbre, le 18 décembre 1908 au collège bénédictin Saint-Anselme de Rome, ses cinquante ans de sacerdoce (« (…) surtout l'atmosphère de chaude et respectueuse sympathie qui entourait le vénérable abbé de St Wandrille. Il célébra lui-même pontificalement Messe et Vêpres, assisté par des religieux appartenant aux divers monastères de la Congrégation de Solesmes : Quand je le vis — raconte un spectateur, dans la Semaine de Rome, — quand je le vis entouré de ses confrères à l'autel, quand j'entendis les voix males et souples des moines de St Anselme moduler les chants liturgiques, il me sembla que l'Ordre de St Benoît tout entier, mieux encore, que la Liturgie sacrée elle-même rendait un hommage public au restaurateur de la prière chantée. J'eus cette impression très vive pendant le Magnificat solennel des Vêpres ; ce fut au point — il me pardonnera, le Confesseur Bénédictin dont on faisait la fête — que lorsque le chœur reprit l'Antienne, je songeai moins au Saint qu'au célébrant qui était là, sur son faldistoire, mitre en tête, dans toute la majesté du Pontife : "Similabo eum viro sapienti qui aedificavit domum suam supra petram". La solidité et la beauté de l'oeuvre de Dom Pothier, la restauration du chant sacré couronnée par l'édition vaticane, ont été célébrées de bien des manières. Les discours de l'Abbé-primat de l'Ordre Bénédictin et de Mgr Janssens ont eu leurs échos de prose et de vers, et en toutes les langues, aux alentours de la journée de fête. Poésies de tout genre et de tous styles, sur les mètres classiques ou les rythmes du moyen âge, adresses latines ou françaises, parchemins enluminés, chants grégoriens, chœurs latins et autres, musique d'orchestre, rien ne manqua au "concert" - au propre et au figuré - offert au grand maître du chant sacré »).

« Le docte et modeste Abbé de St Wandrille », « l'une des gloires de la science française, un homme qui avait refusé le cardinalat, refusé l'Académie des inscriptions et belles-lettres (Institut de France), nul autre que le Père Dom Joseph Pothier, le restaurateur des mélodies grégoriennes (dom L. David) », avait également décliné le privilège personnel de la cappa magna que le pape Pie X « dont l'amitié et le soutien ne lui feront jamais défaut » (dom Gontard, abbé de Saint-Wandrille) - « et tout d'abord jamais Pie X ne permit à Dom Pothier, arrivant près de lui, de se baisser pour lui baiser la « mule », selon le protocole, mais il le relevait vivement en lui prenant la main » - dom David) - avait souhaité lui concéder : « illustre bénédictin » « dont les écrits sont devenus une autorité de premier ordre pour tout ce qui regarde le chant grégorien », « vaillant et vénéré maitre de chant grégorien (Cardinal Merry del Val, Secrétaire d'Etat du Saint-Siège) », « dont les grands mérites sont bien connus de Nous (Pie X) » et à qui, « comme augure des faveurs célestes et gage de notre amour paternel, Nous (Léon III) accordons Notre bénédiction apostolique », « Nous (Pie X) accordons notre plus aimante bénédiction apostolique » « comme un signe de la récompense céleste » et « le plus tendrement », à qui également « comme gage des biens célestes et en témoignage de Notre toute particulière bienveillance, Nous (Benoît XV) accordons de tout cœur la bénédiction apostolique » pour « la part prépondérante et décisive que le vénérable » chercheur « eut dans les travaux qui rendirent à l'Eglise l'antique mélodie de saint Grégoire (dom Mocquereau) », « Dom Pothier a rétabli la ligne mélodique et rythmique du chant authentique de la sainte Eglise ».

« Tous les érudits savent combien vous avez excellemment mérité de la sainte Liturgie par vos nombreuses et doctes publications. Elles ont hautement illustré votre nom dans l'univers. Vous vous êtes en effet appliqué à de longues, intelligentes et minutieuses recherches, dans les bibliothèques de l'Europe, sur les anciens monuments de la musique sacrée. Vous vouliez, avec vos collaborateurs, non seulement ramener les mélodies grégoriennes, comme on les appelle, à leur primitive pureté, mais encore les faire exécuter par le peuple avec goût et piété. Tous ces services que vous avez rendus à l'Église Nous engagent à vous offrir Nos félicitations ; Nous Nous joignons à vous afin de rendre de justes actions de grâces à Dieu qui vous a donné de pouvoir, durant de si longues années, grandement contribuer au développement de la piété chrétienne, par la suavité des chants sacrés, et au progrès de la discipline religieuse dans votre communauté par votre propre exemple » (Benoît XV).

« Savant et modeste moine devenu par la seule force de sa bonté, de sa simplicité et de son grand savoir abbé du monastère qu'il a fondé et que tout musicien religieux doit vénérer comme un père, car nous pouvons dire qu'il nous a donné à tous non le jour mais la LUMIERE, j'ai nommé le Rme P. Dom Pothier, que je suis honoré de voir au milieu de nous, à notre tête plutôt, où sa place doit être et où le porte sa haute science, et nous pouvons le dire aussi, son intuition vraiment miraculeuse dans les ténèbres qui nous entouraient il y a quelques années encore, en matière de plain-chant », « historien des mélodies grégoriennes » « dont le nom est connu de tout l'univers catholique pour ses études sur le chant grégorien » et à qui « revient le mérite d'avoir remis au jour les mélodies grégoriennes primitives », « le savant bénédictin, qui est l'homme le plus versé dans les questions relatives au chant grégorien » et « dont l'autorité en ces matières était reconnue de tous, même de ses adversaires, depuis le Congrès d'Arezzo », paléographe réputé et « maître en archéologie grégorienne » (« Dom Pothier était non seulement un archéologue avisé, mais surtout, dans toute l'acception du mot, un musicien de première valeur »), le « savant musicien et musicologue » « ne portait pas sur la poitrine la croix de la Légion d'honneur, qu'il aurait plus que méritée, mais la croix abbatiale, comme abbé de Saint-Wandrille. C'est que le nouveau saint Grégoire ne s'était pas seulement révélé un érudit et un artiste, mais un religieux modèle. Son bon sens robuste, la sûreté de son jugement sur les personnes et sur les choses, sa bonté étaient autant de qualités précieuses parmi celles que l'on peut désirer chez un supérieur. Depuis longtemps il s'était montré le conseiller très écouté de nombre de communautés ».

« D'autres rediront la bonté, la bienveillance et la simplicité du R.P. Dom Pothier, l'abbé vénéré », « un homme qui, dans sa modestie, est l'auteur de la révolution la plus heureuse et la plus durable qui se soit produite dans l'Eglise (dom Guépin) ». « Saint religieux qui avait rétabli les authentiques mélodies grégoriennes » (Huysmans, qui « l’admirait et le cite parmi les moines dignes de continuer la tradition de Saint-Maur » - « Quand il le vit, il dût être touché par la bonté et la candeur de ce moine, par cette bonne grosse voix qui multipliait les : « Bien, bien, bien ! », par cette érudition qui bannissait tout pédantisme »), « un saint pour lequel on ne peut avoir que de la vénération » (G. L. Houdard, La question grégorienne en 1904, 1904), « d'une grande bonté et d'une bonhomie désintéressée et modeste », « l'ami de Pie X lui-même » (dom Gontard), « vénéré et si méritant Restaurateur des Mélodies Grégoriennes (Pie XI) », « pionnier de la restauration plain-chantiste » et « Saint Grégoire du XIXème siècle », « digne serviteur de la Sainte Église (Pie XI) », « l'un de ses fils les plus pieux et les plus saints », le « vénérable prélat » était « certainement une des personnalités les plus distinguées de l’Ordre » (dom F. de Stotzingen, abbé-primat de l’ordre de Saint-Benoît) « dont il fut l'illustration et l'honneur » (dom Ferretti, directeur de l’Ecole pontificale supérieure du Chant Grégorien et de musique sacré) et « qu’il aura honoré par ses vertus comme par ses travaux » (Mgr Foucault). « L'admirable savant, l'artiste pieux (Mgr du Bois de la Villerabel, archevêque de Rouen) », « faisant toujours passer la miséricorde avant le droit ». « Moine modèle, il édifiait tous ceux qui l’approchaient par sa bonté et par sa charité. Par son zèle pour le chant grégorien, il s’est acquis les plus grands mérites et sera toujours nommé avec reconnaissance et admiration. Si aujourd’hui le chant liturgique est restauré et estimé dans l’Eglise, cela est dû en grande partie à son zèle et à ses travaux » (dom de Stotzingen) : « le nom de Dom Pothier restera uni au chant grégorien, comme celui de Dom Guéranger à la restauration de la liturgie romaine en France (Mgr Foucault) ». « Dom J. Pothier, par ses publications scientifiques ou pratiques, et par le mouvement irrésistible qu'il imprima à la restauration effective des cantilènes sacrées dans le monde catholique, a bien mérité le titre de restaurateur du chant grégorien ».

« Eminent restaurateur du Chant grégorien », le Rme dom Pothier (né à Bouzemont, Vosges, 1835, et décédé au Monastère St Wandrille de Conques, écart de Sainte-Cécile / Florenville, province du Luxembourg (Belgique), 1923 - « c'est à Conques que s'éteignit pieusement, en la quatre-vingt-huitième année de son âge, le Rme P. Dom Pothier » -, inhumé le 14 décembre 1923 à l'abbaye de Clervaux (« In Pace! R.D.P. Josephus Pothier, Abbas Sti Wandregisili, 1835-1923 », Luxembourg (son coadjuteur et successeur, le Rme dom Jean-Louis Pierdait demanda au Rme dom Joseph Alardo, abbé bénédictin de Saint Maurice de Clervaux, le monastère le plus proche, à ce que le corps de Dom Pothier puisse être inhumé dans le cimetière de l'abbaye luxembourgeoise, en attendant le jour où son transfert éventuel pourrait être envisagé), après obsèques présidées par Mgr Nommesch, évêque de Luxembourg, puis depuis le 27 juillet 1962 dans le cloître de l'abbaye de Saint-Wandrille (« DD JOSEPH POTHIER 1835-1923 SANCTI WANDREGISILI ABBAS »), Seine-Maritime) était entré de son vivant dans l'Encyclopediae Britannica et dans le Larousse, et dès sa première édition dans Le Robert. Une Rue Dom Pothier à Epinal et une autre Rue Dom Pothier dans l’agglomération rouennaise (Mont-Saint-Aignan) portent aujourd’hui son nom.

XAVIER MAILLARD LUSTIG – 2009

A notre cher Fils, le religieux Joseph Pothier, de l'Ordre de Saint-Benoît / Léon XII, Pape / Cher Fils, Salut et Bénédiction apostolique : Le travail que vous avez publié sur la musique Nous a été remis par notre vénérable frère, le cardinal-évêque de Frascati. Nous acceptons volontiers et avec plaisir votre présent, en raison aussi bien de ses propres mérites que des éloges qu'en fait une personne si éminente. Nous savons en effet, Cher Fils, avec quelle intelligence vous vous êtes appliqué à interpréter et à expliquer les antiques monuments de la musique sacrée, et comment vous avez mis tout votre zèle à montrer à ceux qui cultivent cet art la nature même et la forme exacte de ces anciens chants, tels qu'ils ont été autrefois composés, et tels que vos pères les ont avec grand soin conservés. Nous pensons, Cher Fils, qu'il faut en cela louer non seulement vos efforts à poursuivre une œuvre pleine de difficultés et de labeur, qui vous a demandé plusieurs années d'un travail assidu, mais aussi l'amour dont vous vous êtes montré particulièrement animé envers l'Église romaine qui a jugé digne de tenir toujours en grand honneur ce genre de mélodies sacrées que recommande le nom de saint Grégoire le Grand. C'est pourquoi Nous désirons vivement que Nos lettres vous soient un témoignage de Notre recommandation pour les remarquables études que vous avez consacrées à l'histoire, à la discipline, à la beauté du chant sacré. Nous tenons d'autant plus à vous donner ce témoignage que, surmontant les adversités de ces jours mauvais, vous luttez bravement pour le service et l'honneur de la religion et de l'Église. Suppliant donc Dieu très clément de fortifier par la puissance de sa grâce votre courage, afin que sa lumière brille chaque jour davantage devant les hommes, et, comme augure des faveurs célestes et gage de notre amour paternel, Nous vous accordons ainsi qu'aux membres de votre communauté Notre bénédiction apostolique. Donné à Rome, près de Saint-Pierre, le 8 mars 1884, de notre pontificat la septième année, Leo PP. XIII

A notre cher Fils Joseph Pothier, abbé de l'Ordre de Saint-Benoît / Pie X, Pape / Cher Fils, Salut et Bénédiction Apostolique : Nous avons été heureux de recevoir de vous ce tribut de respect et Nous y avons reconnu votre obéissance et dévotion envers Nous. Cela était d'autant plus agréable pour Nous, car cela a été présenté par un homme qui est en premier lieu un érudit dans la liturgie (homme versé entre tous dans la science de la liturgie) et à juste titre célèbre dans la discipline du chant grégorien. Puisque vous promettez que votre travail extraordinaire dans cette cause ne Nous manquera jamais, Nous accueillons cet objectif qui est le vôtre avec une paternelle affection, et Nous prions Dieu dans Sa bonté d'aider vos efforts. Nous vous félicitons, une fois encore, pour le nouveau fruit de ces travaux. Nous voulons dire les "Cantus Mariales" qui nous ont été envoyés par vous comme présent. Pour ce présent à la fois agréable et opportun, Nous vous remercions. Comme un signe de la récompense céleste, et aussi comme un témoignage de notre bonne volonté, Nous vous donnons le plus tendrement, dans le Seigneur, à vous et à vos collaborateurs Notre Bénédiction Apostolique. Daté de Rome près de Saint-Pierre le 14 février 1904, l'année première de notre pontificat. Pie PP. X [EPISTOLA / Qua Pontifex laetatur de sensibus animi Abbatis Pothier circa praescriptiones de musica sacra instauranda]

Au Révérendissime Père Dom Joseph Pothier, abbé de l'Ordre de Saint-Benoît, président de la Commission pontificale pour l'édition vaticane des livres liturgiques grégoriens, au nom du Pape [de l'éminentissime Cardinal-secrétaire d'Etat, au nom du Pape] : Révérendissime Père, Les travaux préparatoires de la Commission pontificale pour l'édition vaticane des livres liturgiques grégoriens, ont mis en évidence les avantages multiples d'une simplification dans l'œuvre de rédaction, qui permettra de profiter davantage des résultats obtenus jusqu'ici par les initiateurs de la restauration grégorienne. C'est pourquoi, après avoir adressé de nouveau aux moines Bénédictins, spécialement à ceux de la Congrégation de France et du monastère de Solesmes, des louanges méritées pour le concours intelligent et fructueux qu'ils ont prêté à la restauration des mélodies de l'Eglise, le Saint-Père a daigné décider, dans sa haute bienveillance, que l'édition vaticane à publier serait basée sur l'édition bénédictine publiée à Solesmes en 1895 ; il reconnaît ainsi la valeur incontestable de cette œuvre de restauration si bien entreprise. Et c'est à Votre Paternité, en sa qualité de président de la Commission pontificale, que le Saint-Père confie la mission délicate de réviser et de corriger l'édition en question (...). En portant à la connaissance de Votre Paternité ces dispositions prises par le Saint-Père, et bien assuré que dans son zèle et sa sollicitude Elle consacrera ses soins les plus diligents à exécuter parfaitement ces mêmes dispositions, je profite de l'occasion pour me dire de nouveau, avec les sentiments de l'estime la plus distinguée, de Votre paternité Révérendissime, le très affectionné dans le Seigneur, R(aphaël) Card(inal) Merry del Val - Rome, le 24 juin 1905

A notre cher fils Dom Joseph Pothier, Abbé de Saint-Wandrille, de l'Ordre de Saint-Benoît, dont les grands mérites au service de l'Eglise sont bien connus de Nous, Nous accordons notre plus aimante Bénédiction apostolique. Le 5 juin 1908, Pie X, pape.



(Source : Archives de l’Abbaye de Saint-Wandrille, 2000)

A notre cher fils Joseph Pothier, de l'Ordre de Saint-Benoît, religieux plein d'égards, Abbé de Saint-Wandrille de Fontenelle, auquel mieux que personne la cause du chant grégorien sacré est grandement redevable, qui célèbre aujourd'hui solennellement ses cinquante ans de sacerdoce (...) Nous accordons très affectueusement notre Bénédiction Apostolique. Du temple sacré du Vatican le 13 décembre 1908, Pie X, pape. [Dilecto filio Joseph Pothier OSB religioso viro observantissimo, Abbati S. Wandregisili Fontanellensis, de religione et maxime de sacro gregoriano concentu optime merito, annum quinquagesimum ab inito sacerdotio hodie solemniter celebranti, fausta quaeque et salutaria ad multos etiam annos a Domino adprecantes, grati et benevolentis animi testem Apostolicam Benedictionem peramanter impertimus. Ex Aedibus Vaticanis. Die 13 decembris 1908, Pius PP. X]

(Source : Archives de l’Abbaye de Saint-Wandrille, 2000)

A notre cher fils Joseph Pothier, de l'ordre de saint Benoît, abbé du monastère de Saint-Wandrille de Fontenelle / Benoît XV, Pape : Cher fils, salut et bénédiction apostolique, Tous les érudits savent combien vous avez excellemment mérité de la sainte Liturgie par vos nombreuses et doctes publications. Elles ont hautement illustré votre nom dans l'univers. Vous vous êtes en effet appliqué à de longues, intelligentes et minutieuses recherches, dans les bibliothèques de l'Europe, sur les anciens monuments de la musique sacrée. Vous vouliez, avec vos collaborateurs, non seulement ramener les mélodies grégoriennes, comme on les appelle, à leur primitive pureté, mais encore les faire exécuter par le peuple avec goût et piété. Tous ces services que vous avez rendus à l'Église Nous engagent à vous offrir Nos félicitations, en ce jour où vous solennisez le 60e anniversaire de votre profession religieuse, et le 62e de votre ordination sacerdotale. Nous Nous joignons à vous afin de rendre de justes actions de grâces à Dieu qui vous a donné de pouvoir, durant de si longues années, grandement contribuer au développement de la piété chrétienne, par la suavité des chants sacrés, et au progrès de la discipline religieuse dans votre communauté par votre propre exemple. Au reste, Nous formons pour vous les vœux les plus ardents de santé et de bonheur ; puisse la divine Bonté vous conserver encore pendant de longues années dans la plénitude des biens célestes. Pour rendre ce double anniversaire plus auguste et plus fécond, Nous vous accordons le pouvoir de donner en Notre Nom, en ce jour solennel, la bénédiction apostolique à tous les assistants, leur accordant une indulgence plénière de leurs fautes à gagner aux conditions ordinaires. Comme gage des biens célestes et en témoignage de Notre toute particulière bienveillance. Nous vous accordons de tout cœur à vous, cher Fils, et à tous les vôtres, la bénédiction apostolique. Donné à Rome, près de St-Pierre, ce 14 juillet 1920, la sixième année de Notre Pontificat. Benoît XV, Pape

(Source : Archives de l’Abbaye de Saint-Wandrille, 2000)

Rome, le 11 déc. 1923 (télégramme) - Sa Sainteté prend part au deuil de la famille bénédictine pour la perte du vénéré et si méritant Restaurateur des Mélodies Grégoriennes. Elle unit ses suffrages pour le repos éternel de ce digne serviteur de la Sainte Eglise. (Pie XI)

XAVIER MAILLARD LUSTIG – 2010



A.S.W.
Devise abbatiale : « Ad te levavi animam meam »
(tirée du psaume 24,1 : "Vers toi j'ai élevé mon âme")

Armes : « Un encensoir fumant sur champs d’azur, cantonné aux armes de Lorraine » ou «D'azur à l'encensoir d'or, allumé de gueules et fumant d'argent ; au franc-canton sénestre (dextre) du chef d'argent chargé de cinq croix de Lorraine de gueules en croix » (Saint-Saud, « Armorial des prélats français du XIXème siècle. Paris, 1906 »)




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Crosse St Grégoire
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Dom Joseph Pothier, O.S.B., 76e abbé de Saint-Wandrille
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Crosse N.D. de Fontenelle
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(Source : Abbaye de Saint-Wandrille)



Anneau et croix pectorale de Dom Pothier (XML, 2001)

Mitre abbatiale de Dom Pothier, utilisée par la suite par son coadjuteur et successeur, Dom Pierdait (XML, 2001) Dom Pothier (A.S.W.)







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Biographie de dom Joseph Pothier, abbé bénédictin de Saint-Wandrille, restaurateur du chant grégorien

Né le 07 décembre 1835 à Bouzemont (Département des Vosges), Joseph Marie POTHIER est le fils de Joseph Pothier, instituteur de Bouzemont, et de son épouse Thérèse Viriot, fileuse. Baptisé le lendemain, 08 décembre 1835 (Immaculée Conception), avec pour marraine sa tante paternelle Marguerite Pothier (Maillard). Son frère cadet Jean-Baptiste Marie Alphonse Pothier, né le 1er novembre 1839 à Bouzemont, deviendra également moine bénédictin (Dom Alphonse Pothier, entré à Solesmes en 1863).

Dom Joseph Pothier fut à la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle, un des bénédictins les plus connus, du fait de son oeuvre de restauration du chant grégorien, accomplie dans un premier temps à Solesmes sous l’égide du Révérendissime Abbé Dom Guéranger. Sa personnalité, pourtant discrète, fut mise en avant lorsqu’il fut choisi par le pape St Pie X pour présider la Commission pontificale pour l’édition vaticane des livres liturgiques grégoriens de l’Eglise.

Le futur abbé fait ses études au petit séminaire de Senaide, Vosges (octobre 1848-1850), puis au séminaire de Châtel, Vosges (1850-1854) et enfin entre au grand séminaire de Saint Dié, Vosges (1854-1858), où il étudie jusqu'à son ordination sacerdotale. Ordonné prêtre du diocèse de Saint-Dié le 18 décembre 1858, il émet ses vœux à Solesmes le 1er novembre 1860 (En 1837, Dom Guéranger venait de restaurer en France la vie monastique bénédictine, disparue depuis la révolution française).

Après avoir gagné Sablé sur Sarthe et être entré à l'Abbaye Saint-Pierre de Solesmes dirigée par son premier Abbé Dom Prosper Guéranger, Joseph Pothier goûte au chant liturgique. Dom Guéranger avait voulu pour son monastère une interprétation plus authentique des mélodies grégoriennes, même en se servant d’abord d’une édition imparfaite, interprétée cependant d’après les règles traditionnelles. Suivant l'Abbé de Solesmes, Dom Joseph Pothier commence ses recherches en vue de la restauration du plain-chant grégorien (dès 1840, Dom Guéranger avait posé dans ses Institutions liturgiques, le principe de la restauration grégorienne. Cette Méthode parut en 1859). Dès le 15 juillet 1860, Dom Guéranger charge Dom Pothier d’exposer à la communauté la méthode du chanoine Gontier. Dom Pothier demeura marqué par cette double influence, celle du chanoine Gontier qui avait théorisé et diffusé la pratique de la prière chantée solesmienne, et celle de Dom Guéranger, pour le rétablissement du patrimoine grégorien dans sa pureté ancienne.

Dom Guéranger souhaitait alors que Dom Jausions et Dom Pothier établissent les livres de chœur de leur monastère, d’après les mélodies et notes fournies par les manuscrits anciens. En 1862, les deux Bénédictins s’attellent à l’étude des manuscrits notés en neumes. Dom Pothier s’attaque au codex 359 de l’Abbaye de Saint-Gall (Suisse). Persuadé clairement de la permanence de la tradition musicale, Dom Pothier a l’idée simple de comparer le texte et la mélodie du manuscrit de Saint-Gall - neumes sans lignes de portée - avec les mêmes textes et mélodies transcrites sur lignes de portée. Quand il sera passé du stade du travail de recherche, à celui de l’édition, on lui décernera le titre de “Champollion des neumes”... En 1866-1867, les deux moines travaillent à justifier par écrit leurs travaux de recherche sur les anciens manuscrits et leur interprétation, Dom Jausions se réservant la rédaction de ce qui concerne l’accentuation latine. Dom Guéranger hésita toutefois à publier ce mémoire, qui, entièrement repris par Dom Pothier, paraîtra en 1880 sous le titre Les Mélodies grégoriennes, dont l’édition marque une date dans l’histoire de la restauration du Chant Grégorien. Pour Dom Guéranger, deux ouvrages doivent être rédigés en urgence : le Graduel pour les pièces chantées de la messe, et l’Antiphonaire, pour les pièces chantées de l’Office. Dom Pothier, lui, s’attache au Graduel, collationnant les manuscrits avec Dom Jausions, mais le choix des mélodies définitives incombait à Dom Pothier. Anticipant sur les résultats de ses recherches, car ne pouvant publier le Graduel en cours de préparation, Dom Joseph Pothier fournit à Dom Benoît Sauter, moine allemand de l'Abbaye de Beuron, un Graduel corrigé sur les meilleurs manuscrits, ce qui permit d’exécuter à Beuron le Plain-chant “d’une manière rationnelle, sensée, harmonieuse”, c’est-à-dire comme à Solesmes.

Dom Pothier se met à la recherche de manuscrits et les voyages se succèdent pour lui à partir de 1865 : Saint-Gall, Laon, Colmar, Epinal. “Intelligence supérieure, esprit fin et très délicat, il voyait tout sans avoir l’air de regarder. Au cours d’un voyage en Allemagne et en Autriche, Dom Paquelin lui disait : “vous êtes désespérant, vous baissez les yeux, je me les écarquille et au total vous avez tout vu et presque tout m’a échappé”. En 1866, Dom Pothier effectue de nouveaux voyages à Colmar, Laon, Munster, Bâle, Troyes. Dom Pothier peut plus librement rédiger la préface au Directorium chori dont la publication est souhaitée par Dom Guéranger mais qui ne verra pas le jour. À partir de 1867, Dom Jausions s’oriente davantage vers les études historiques et délaisse les questions grégoriennes, qui deviennent le domaine exclusif de Dom Pothier.

Le Liber Gradualis est terminé en 1869. En 1870 et 1871, Dom Joseph Pothier et son frère Dom Alphonse Pothier (qui l'avait rejoint comme Bénédictin à Solesmes), passent plusieurs mois dans leur village lorrain, Bouzemont, en raison des maladie et morts successives de leurs parents ; la guerre franco-allemande les y surprend. L’année 1873 voit la parution à Solesmes du Processionnal lithographié. Comme il n’existait pas alors de caractères d’imprimerie pour représenter les neumes restitués par Dom Pothier, ils furent lithographiés (les deux frères Pothier en furent les graveurs).“Son grand plaisir, durant la récréation hivernale du soir, où un groupe variable se réunissait à Solesmes autour de sa cheminée, était de fondre du plomb dans la pelle à feu et de le faire figer dans une boîte de plumes en carton, ou encore de tailler avec un couteau, un bout de bois qui sortait toujours transformé en poinçon d’imprimerie ou en objet d’utilité commune”.

Durant l’été 1875, quelques mois après la mort de Dom Prosper Guéranger, le Cardinal Pitra, ancien moine bénédictin de Solesmes (Dom Jean Baptiste Pitra, entré à Solesmes en 1843, appelé à Rome en 1858 par Pie IX), et qui fut bibliothécaire de la Sainte Eglise Romaine, presse le Révérendissime Dom Charles Couturier, successeur de Dom Guéranger sur le siège abbatial de Solesmes, d’obliger Dom Pothier à publier ses travaux.

Les projets attendront néanmoins plusieurs années avant de voir le jour. Dom Pothier ne donne ses premiers articles, qui révèlent ses qualités de paléographe et sa profonde connaissance du chant grégorien, qu'au cours de l’année 1877. Ils sont rédigés alors que leur auteur poursuit chaque année des voyages d’études et d’apostolat grégorien en France ou en Allemagne. L’année 1879 voit le premier congrès grégorien de l’Abbaye Cistercienne d’Aiguebelle, qui fait connaître Dom Pothier dans le monde Cistercien : l’année suivante, le Bénédictin donne des conférences dans une autre Abbaye du même ordre, à Bellefontaine.

Paraissent à Tournai en 1880, pour le quatorzième centenaire de la naissance de saint Benoît, Les Mélodies grégoriennes d’après la tradition, qui renferment les principes qui vont présider à la résurrection du chant grégorien, livre qui connaît un large succès, qui fait l’objet de rééditions successives et sera rapidement traduit.

En 1881 se déroule le deuxième congrès d’Aiguebelle. Le congrès de chant liturgique d’Arezzo, en 1882, voit se rencontrer tenants et opposants du Graduel édité en 1868 par Pustet, de Ratisbonne ; parmi les participants, Dom Pothier et Dom Schmitt, fondateurs de l’imprimerie de Solesmes, et le chanoine Sarto, futur pape St Pie X. Le congrès était réuni en vue de la réforme du chant liturgique. Dom Pothier en fut le participant le plus écouté. Des vœux furent émis à l’issue de ce congrès, mais ne purent être présentés au Saint-Siège, bien qu’ils visaient à une conformité plus grande des livres de chant avec la tradition. Le congrès ne put donc avoir de suite directe immédiate.

Le Liber Gradualis sort en 1883, “à l’usage de la congrégation bénédictine de France”. Il est utilisé aussitôt par les moines de Solesmes et par sa schola, créée au sein du chœur de Solesmes et confiée alors au jeune Dom André Mocquereau. Le cardinal Pitra présente le Liber Gradualis au pape Léon XIII, qui envoie à Dom Pothier un bref élogieux, toutefois atténué par un autre texte quelques mois plus tard.

Dès lors, publications de livres de chœur et articles scientifiques se multiplient sous la signature de Dom Pothier. Sollicité par les diocèses et congrégations religieuses, il compose nombre d’offices propres.

Le premier tome de la Paléographie musicale voit la publication du codex 339 de Saint-Gall, copié jadis par Dom Pothier, et qui donnait l’ensemble du répertoire du Graduel. Les tomes suivants s’attacheront à montrer tous les témoins d’une pièce du répertoire, comme le répons graduel Justus ut palma : 219 manuscrits donnent la même mélodie - sauf variantes de détails -, celle restituée par Dom Pothier dans le Graduel de 1883.

L’année 1891 voit le congrès Saint Grégoire à Rome, la parution à Solesmes du Liber antiphonarius, et les Principes pour la bonne exécution du chant grégorien ; en 1892, c’est le début de la collaboration avec la Revue du Chant Grégorien de Grenoble, et le développement de l’apostolat grégorien par des conférences pratiques. Plus que sa parole publique, c’était sa conviction et sa science qui emportaient l’adhésion au cours d’entretiens familiers.

Dom Joseph Pothier, qui est en lien avec Paul Claudel et qu’Huysmans admire et cite parmi les « moines dignes de continuer la tradition de Saint-Maur », est sous-prieur de l'abbaye de Saint-Pierre de Solesmes de 1862 à 1863, puis de 1866 à 1893. Il devient ensuite prieur claustral de l'abbaye bénédictine de Saint-Martin de Ligugé de 1893 à 1895.

Située sur la rive droite de la Seine, près de Caudebec (Seine Maritime), une Abbaye normande, Saint-Wandrille de Fontenelle était privée de moines depuis la révolution française. Cette Abbaye normande avait été fondée en 649 par saint Wandrille. D'abord connue sous le nom d'Abbaye de Fontenelle, elle prit par la suite le nom de son fondateur. Très importante dans le haut moyen-âge, elle tomba en commende au XIVème siècle, puis entra dans la congrégation de Saint-Maur en 1636. Supprimée par la Révolution en 1791, l'abbaye est vendue comme bien national à un industriel d’Yvetot, Cyprien Lenoir et les derniers moines se dispersent. De 1792 à 1832 ; se déroule la destruction de l’abbatiale, utilisée comme carrière de pierre. Les bâtiments de l'abbaye furent transformés en manufactures. En août 1893, l’Evêque auxiliaire de Rouen, Monseigneur Jourdan de La Passardière propose d’effectuer la restauration monastique de Saint-Wandrille (les Bénédictins avaient déjà relevé les Abbayes de Solesmes, de Ligugé, de Wisques, de Marseille...). Le monastère ayant été restauré canoniquement par rescrit pontifical, la re-fondation de Saint Wandrille s’effectua à partir du 13 février 1894, dans un premier temps sous la direction de Dom Jean-Martial Besse.

La première année de la fondation se révèle extrêmement ardue en raison des difficultés tant matérielles qu’humaines. C’est alors que le Révérendissime Dom Bourigaud, Abbé de Saint Martin de Ligugé, a la sagesse, et l’abnégation, de nommer celui qui était prieur de son monastère de Ligugé depuis près de deux ans, Dom Joseph Pothier, comme supérieur de la jeune et fragile fondation normande (le 26 déc., Dom Bourigaud annonçait à Saint Wandrille la nomination de Dom Pothier comme prieur, et le 8 février le nouveau supérieur y était reçu solennellement). L'Abbaye de Saint-Wandrille sera définitivement relevée par Dom Pothier et appartient toujours aujourd'hui à la congrégation de Solesmes.

Arrivant comme prieur de Saint-Wandrille le 8 février 1895, Dom Pothier apporte avec lui un renom, une réputation, celle de restaurateur du chant grégorien, oeuvre à laquelle il était attaché depuis plus de trente ans. Dès le 21 mars 1895, était promulgué l’acte de l’Abbé Primat de l’OSB, le Rme Hildebrand de Hemptinne rétablissant Saint-Wandrille comme Abbaye, tout en le laissant à la vigilance de son re-fondateur, le Révérendissime Abbé de Ligugé, mais sous la direction locale de Dom Pothier.

A Saint-Wandrille, à partir de 1895, le noviciat semble prospère, et des professions s’annoncent. La question de l’abbatiat était toutefois agitée à Ligugé, à Rome et à Solesmes. Le nombre canonique de religieux fut atteint en vue de permettre la restauration complète de l’Abbaye par la nomination d’un Abbé.

Dans une lettre du 23 juillet 1898, l'abbé Collette (aumônier du Lycée Corneille de Rouen) écrivait à Dom Pothier : « Mon Révérend Père, J'ai appris à Monseigneur le Cardinal [Archevêque de Rouen] l'heureuse conclusion de toutes les démarches faites pour la nomination d'un Abbé à Saint-Wandrille. Il se réjouit fort de voir ses vœux et ceux des amis de la maison enfin réalisés. Il avait, du reste, reçu une lettre du Rme Abbé Primat dont il m'a donné lecture, lui annonçant que le Pape lui avait dit dans son audience du 4 juillet qu'il désirait que l'on donnât sans retard satisfaction au Cardinal de Rouen pour l'affaire de Saint-Wandrille ». Le vendredi 22 juillet, « à midi, pendant le repas, le Père Abbé (de Ligugé, venu officier pour la fête du saint fondateur), a reçu une dépêche relative à la nomination d'un Abbé pour Saint-Wandrille et, pendant la récréation, s'est entretenu seul avec le Père Prieur Dom Pothier », note le chroniqueur. Le lendemain, on en sait un peu plus long : « Hier le Père Abbé de Ligugé a reçu une dépêche du Rme Père Abbé de Solesmes donnant la permission d'introniser Dom Joseph Pothier comme Abbé de Saint-Wandrille ; la dépêche a été envoyée de façon que la chose aurait pu se faire hier ; mais Dom Bourigaud [Rme Abbé de Ligugé] a préféré envoyer à Dom Delatte [Rme Abbé de Solesmes] une invitation à la faire lui-même ; celui-ci a répondu aujourd'hui qu'il arriverait ce soir.

Le dimanche 24 juillet, à 3 h 30 de l'après-midi, eut lieu au chapitre la notification officielle de la nomination du Révérendissime Dom Joseph Pothier comme abbé bénédictin de Saint-Wandrille de Fontenelle et son intronisation. Dom Delatte félicita d'abord l'abbé de Ligugé de « l'initiative pleine d'entrain et de jeunesse » qu'il avait eue en restaurant Fontenelle. « Dom Bourigaud le remercia de ses paroles aimables ; pour lui, dit-il, il n'a été qu'un instrument, ce sont les saints de Fontenelle qui ont tout conduit ». Puis l'Abbé de Solesmes s'adressa à Dom Pothier pour constater « qu'expérience avait été faite de la sagesse de son administration et que les vœux de toute la communauté étaient conformes au choix fait par l'Abbé fondateur ». Aux moines, enfin, il souhaita l'accomplissement pour leur monastère de cette devise tirée du Psaume 121 : Fiat par in virtute tua et abundantia in turribus tuis, «paix qui est concorde fraternelle» et «paix de l'âme en Dieu, suivie par surcroît de l'abondance des biens temporels». « Dom Delatte fait alors donner lecture par Dom Froment, secrétaire du chapitre, de l'acte par lequel Dom Bourigaud nomme le Rme Dom J. Pothier Abbé de Saint-Wandrille. Les deux Abbés ensemble revêtent du rochet le nouvel élu, ainsi que du camail, de la calotte et de la croix pectorale ; puis, au chant du « Te Deum », procession par le grand réfectoire, le côté est du cloître et la chapelle du S. Sacrement. A l'oratoire, trois trônes sont préparés, celui de Dom Delatte ayant seul un baldaquin. L'Abbé de Solesmes fait asseoir Dom Pothier sur le trône à baldaquin et se place debout à sa droite, Dom Bourigaud debout à sa gauche. (…) Puis commencent les Vêpres Pontificales célébrées par Dom Delatte.»

S.P.R. le Révérendissime
dom Joseph POTHIER, O.S.B.,
abbé bénédictin de Saint-Wandrille

(avec l’aimable autorisation
de l’Abbaye de Saint- Wandrille)
Le 24 juillet 1898, Dom Joseph Pothier est installé sur le siège abbatial de Saint-Wandrille. Il est le premier abbé régulier de Saint-Wandrille de Fontenelle depuis Jacques Hommet au 16ème siècle (+1523). L’annonce de la nomination du Révérendissime Dom Pothier comme 76ème Abbé de Fontenelle, et plus encore sa bénédiction abbatiale (dont la cérémonie se déroule le 29 septembre 1898 et qui lui est donnée selon le rite du Pontifical par le Cardinal Sourrieu, Archevêque de Rouen), emplirent de joie les bénédictins et le clergé normand. Quatre ans et demi après sa restauration, la vieille abbaye normande avait réellement repris vie, y compris dans le cœur des “trop prudents normands”. Le Révérendissime dom Joseph Pothier prend pour devise abbatiale « Ad te levavi animam meam », devise tirée du psaume 24,1 et signifiant "Vers toi j'ai élevé mon âme". Les armes de Dom Pothier, abbé mitré, sont formées d' : « Un encensoir fumant sur champs d’azur, cantonné aux armes de Lorraine » ou «D'azur à l'encensoir d'or, allumé de gueules et fumant d'argent ; au franc-canton sénestre (ou dextre ?) du chef d'argent chargé de cinq croix de Lorraine de gueules en croix » (description donnée par Saint-Saud, in « Armorial des prélats français du XIXème siècle. Paris, 1906 »).

La cérémonie de la bénédiction abbatiale ayant été fixée au 29 septembre, le Cardinal Sourrieu abrégera ses vacances pour procéder à la fonction liturgique. Il fut question un moment d'accomplir la cérémonie à Rouen, soit à la Cathédrale, soit à Saint-Ouen. Mais, note la chronique, « tous ceux que Dom Pothier a consultés lui conseillent de la placer dans le monastère lui-même ». Le 29, le Cardinal officia pontificalement entouré d'un nombreux clergé (environ 150 prêtres présents). Les Abbés assistants étaient le Rme Dom Delatte, abbé bénédictin de Solesmes et Supérieur général de la Congrégation bénédictine et le Rme Dom Bourigaud, abbé bénédictin de Ligugé. Etaient également présents les Révérendissimes Pères Abbés Dom Gauthey, abbé bénédictin de Sainte-Madeleine de Marseille, Dom Guépin, abbé bénédictin de Silos, Dom du Coëtlosquet, abbé bénédictin de Saint-Maur de Glanfeuil... « Sous le cloître, dans le rayonnement de la robe écarlate du prince de l'Eglise, on voyait passer le froc noir et la coule de quelques moines ; la mantelletta et la croix d'or des abbés se mêlaient au surplis blanc de nombreux prêtres et à l'aumusse d'hermine des chanoines. Des membres de diverses congrégations religieuses étaient là aussi, Dominicains, Franciscains, Jésuites. Sans nul effort, un poète eut pu rêver que dix ou douze siècles vécus étaient subitement effacés. L'antiquité chrétienne renaissait » (cité in « Semaine religieuse du Diocèse de Rouen », en date du 08 octobre 1898, page 969) - Après le repas, dans le réfectoire décoré des blasons des monastères de la Congrégation et des Abbayes normandes, plusieurs toasts furent prononcés. C'est d'abord l'abbé de Solesmes qui s'adresse au cardinal : « Lorsque de vos mains et de vos lèvres descendait sur un frère très aimé, que Solesmes regretterait encore, si avant tout et au-dessus de tout, Solesmes n'était heureux et fier de vous l'avoir donné, lorsque de votre coeur, comme d'une plénitude, descendait sur lui la bénédiction qui fait les pasteurs prudents, tendres et forts, il nous a semblé, Eminence, assister non pas seulement à la création d'un prélat, qui avait, dans l'Eglise de Dieu, conquis des titres de grande naturalisation par la restauration du chant grégorien, à qui son nom demeure à jamais attaché, mais encore et surtout, assister à la restitution de tout un glorieux passé. (... ) Merci d'avoir rendu à l'Eglise, à la Métropole de Rouen, à la Congrégation bénédictine de France, cet inestimable joyau de la couronne monastique qui fut Saint-Wandrille ». Son Eminence répondit en faisant, avec une bonne grâce charmante, l'éloge de Dom Pothier, et en rappelant l'histoire de l'Abbaye ; son dernier mot fut un hommage au Cardinal Thomas. Un merci du nouvel abbé à Son Eminence, aux Abbés, à toutes les personnes présentes ; et ainsi se termina la fête » (cité dans la même édition de la « Semaine religieuse du Diocèse de Rouen », 08 octobre 1898).

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Son intérêt pour l’histoire de son monastère se manifeste de différentes façons. Dom Pothier encouragea d’abord son frère Dom Alphonse à copier les chroniques médiévales, puis d’autres moines à travailler l’histoire de l'Abbaye. Lui-même s’attache à des recherches sur la musique grégorienne en Normandie : une communication lors d’un congrès en 1896 le voit traiter de la musique sacrée en Normandie au XIème siècle, il compose une séquence en l’honneur de saint Wandrille en 1901, au moment où lui-même et sa communauté s’apprêtent à s’exiler ; il avait deux ans plus tôt obtenu l’approbation romaine des offices propres de son abbaye.

La loi Waldeck Rousseau (juillet 1901) sur les Associations (et contre les congrégations religieuses) et le refus de demander une autorisation, parti prôné par le Chapitre général de la Congrégation, amènent pendant l’été 1901 les communautés bénédictines françaises à chercher une terre d’exil. Pour la communauté de Saint-Wandrille, ce n’est qu’en septembre 1901 que ce lieu est trouvé, en Belgique, à Vonêche dans le diocèse de Namur. Dom Pothier obtient de l’Evêque prémontré de Namur, Monseigneur Heylen, l’autorisation de s’installer dans son diocèse. Celui-ci accueillit alors un grand nombre de communautés françaises en exil : les Bénédictins de Saint-Maur de Glanfeuil et de Wisques entre autres, étaient réfugiés près de la communauté de Saint-Wandrille. Vonêche sera la première étape, de septembre 1901 à 1904, d’un exil qui durera trente ans !

A l'échéance du bail de trois ans de Vonêche, les trente-sept moines bénédictins de la communauté trouvent un nouveau refuge dans le diocèse de Malines, au château de Dongelberg (actuelle commune de Jodoigne). Le 22 juillet 1909 fut célébré à Dongelberg le jubilé sacerdotal du Rme Abbé (pour lequel Dom Pothier reçu une lettre autographe de S.S. le pape Pie X, le 13 déc. 1908). La même année, son frère, Dom Alphonse, alors bibliothécaire de Saint-Wandrille en exil, décède à Dongelberg alors que Dom Joseph Pothier se trouve en route pour Rome. Pour cette seconde étape dans l’exil de la communauté, l'habitat fut le château de Dongelberg, à l'aspect très seigneurial, avec donjon, tours et tourelles, et vastes dépendances. On demanda à l’Archevêque de Malines, le cardinal Goossens l’autorisation de s’y installer en exil. Celui-ci refusa, car les bâtiments d’apparence trop luxueuse ne convenaient pas selon lui à un monastère... Après neuf ans de vie dans les lieux de Dongelberg, les bénédictins doivent à nouveau chercher un nouvel endroit ; ils reviennent dans le diocèse de Namur, dans un ancien prieuré de l’Abbaye d’Orval, à Conques, sur l'ancienne commune de Sainte-Cécile (province du Luxembourg, Belgique).

En revanche pour l’installation, en 1913, à Conques dans le diocèse de Namur, aucune difficulté ne surgit, puisque l’Evêque de Namur, Monseigneur Heylen, comprenait les difficultés des religieux exilés, ... et que les bâtiments occupés par les moines ressemblaient plus à une ferme délabrée qu’à un château. Le prieuré de Conques, à une quarantaine de kilomètres d'Orval (Abbaye située à Villers-devant-Orval, commune de Florenville), fut une possession de la communauté d'Orval sous l'Ancien régime. C'est à Conques que fut notifiée à la communauté sa dissolution en 1796, par les autorités françaises. Conques fut ensuite vendu comme bien national. Actuellement, le prieuré de Conques est une hostellerie. Les moines cisterciens d'Orval, dispersés en 1796, ne sont revenus en l'Abbaye d'Orval qu'en 1926. Le Domaine de Conques avait été acheté par un ami belge de Dom Pothier et de sa communauté, en vue de le louer aux moines de Saint-Wandrille. La construction d’un monastère fut commencée. La communauté s’y serait stabilisée de façon définitive, mais les travaux furent arrêtés par l’invasion allemande.

Après qu’il eut édité les livres de chant des monastères, Dom Pothier fut appelé à Rome par le Pape Pie X, et se vit confier l’édition vaticane des livres de chœur de la Sainte Eglise romaine. Le monde grégorien connaît alors des divisions en raison de la doctrine rythmique de Dom Mocquereau, maître de chœur de Solesmes. L’origine des éditions rythmiques prônée par lui est à chercher dans le désir de préciser le rythme à donner à la mélodie grégorienne. Déjà le chanoine Gontier du Mans, trente ans plus tôt, trouvait les principes de Dom Pothier trop vagues. C’est alors que, le 22 novembre 1903, Pie X décide de réformer le chant de l’Eglise romaine selon les recherches effectuées depuis quarante ans à Solesmes. A l’instigation de Dom Lucien David, moine de Saint-Wandrille alors étudiant au collège bénédictin Saint-Anselme de Rome, Dom Pothier offre ses services le 15 janvier 1904 au pape, parlant de son admiration pour le chant grégorien, “art de la louange divine”. Le 24 février 1904, Pie X accepte le concours de Dom Pothier.

Le 25 avril 1904, Pie X nomme une “Commission pontificale pour l’édition vaticane des livres liturgiques grégoriens”, présidée par Dom Pothier, pour préparer une Édition Vaticane des livres de chant grégorien. Après un début d’année orageux, c’est le pape Pie X, par le cardinal Merry del Val, qui impose le Liber Gradualis de 1895 de Dom Pothier pour base de l’Edition Vaticane. Les dissensions apparues au sein de la Commission, amènent certains membres à se retirer. Néanmoins l’Édition Vaticane se poursuivit, et en 1908, le Graduel parut, comportant outre les pièces anciennes, des Messes de fêtes nouvelles composées, centonisées ou adaptées par les rédacteurs de la Vaticane, principalement par Dom Pothier. L’édition vaticane était publiée à tirage limité et servira de modèle aux différents éditeurs qui voudraient la reproduire. La publication du Graduel fut suivie de celle de l’office des défunts en 1909, et de l’Antiphonaire en 1912. Les collaborateurs les plus proches de Dom Pothier sont alors Dom Andoyer, prieur de Ligugé, qui avait déjà travaillé avec lui à Solesmes aux éditions de chant grégorien, et Dom Lucien David, moine de Saint-Wandrille.

Dom Pothier réside ainsi à Rome la majeure partie du temps de 1904 à 1913. Le Père Abbé tenta à plusieurs reprises, au cours des vingt ans d’exil, de négocier un retour de la communauté dans son Abbaye normande. Le 11 septembre 1906, à l’occasion d’une revente de l’Abbaye de Saint Wandrille, l’affiche suivante fut apposée à Caudebec : « Vente de l’Abbaye de St-Wandrille – Avis au Public – Le public est prévenu qu’aux termes de la loi canonique toute personne qui se rendra adjudicataire de l’Abbaye de Saint-Wandrille sans avoir préalablement obtenu l’autorisation du Saint-Siège sera de plein droit *excommuniée* et qu’il en sera de même de toute autre personne à qui elle pourra ultérieurement transmettre cet immeuble. Signé Dom J. POTHIER, O.S.B., Abbé de Saint Wandrille »

Dom Pothier ne craint pas de se lancer dans deux aventures, et entretient longtemps un projet de fondation plus classique. La première aventure ne connaît pas même un début d’exécution, celle de Fécamp. La seconde en revanche fut après vingt années difficiles, un succès : Saint-Benoît du Lac, au Canada. La situation d’exil se prolongeant, et en raison de l’improbabilité d’un retour prochain en France, dès 1908, et surtout à partir de 1910, la communauté avait envisagé plusieurs solutions, parmi lesquelles et non sans réticences, une installation définitive à l’étranger. En novembre 1910, le Chapitre de Saint-Wandrille admet “l'opportunité d'étudier pratiquement et de tenter la réalisation d'un établissement au Canada”. L’affaire n’eut pas de suite concrète immédiate. Deux ans plus tard, l’hypothèse reprend consistance, et Dom Pothier donne à Dom Paul Vannier, moine de Saint-Maurice de Clervaux, au Luxembourg, mais en résidence dans la communauté de Saint-Wandrille, l’obédience de se mettre à la disposition de l’Evêque de Sherbrooke dans la province de Québec au Canada, et de s’y employer aux diverses fonctions du ministère. Dom Vannier quitte la Belgique en juin 1912, exerce son ministère au Canada en vue d’étudier sur place l’éventualité d’une fondation. Un Domaine est acquis en décembre 1912 près du lac de Memphremagog, comté de Brôme, dans la province de Québec. Trois moines viennent rejoindre Dom Vannier au Canada en 1913, puis deux en août 1914, alors qu’en sens inverse des postulants arrivent du Canada en Belgique pour y accomplir leur noviciat.

Le 30 novembre 1914, le fondateur, Dom Vannier meurt noyé ; la nouvelle n’en parvient dans l’Europe en guerre que l’année suivante (Dom Pothier, ne pouvant communiquer ni avec la France ni avec le reste de la Belgique, recevra la nouvelle par une lettre du Rme Père Abbé Primat de l’OSB, transmise à Conques par l’intermédiaire du Rme Abbé de Maria-Laach en Allemagne). La communauté de Saint-Wandrille étant dans la zone occupée par les Allemands, il est impossible pour Dom Pothier de désigner et d’envoyer au Canada un moine comme supérieur. Il faudra attendre la cessation des hostilités pour reprendre les relations entre les moines demeurés isolés depuis plus de quatre ans au Canada et l’Abbaye de Saint-Wandrille en Belgique. Après des hésitations, grâce à la persuasion des moines canadiens et aux encouragements de l’Evêque de Sherbrooke, Dom Pothier et le Chapitre de Saint-Wandrille acceptent le 30 mai 1919 de continuer l’œuvre canadienne. La graine semée en terre américaine allait pouvoir s’épanouir et les “religieux de la mission de Saint-Benoît-du-Lac au Canada” fonder le grand monastère qu’est devenu Saint-Benoît du Lac.

Le troisième projet, peut-être le premier sur le plan chronologique, est le projet de fondation à Bazoilles, dans les Vosges. Dom Pothier a longtemps eu le projet d’y fonder un monastère, quand la situation de Saint-Wandrille serait affermie, mais en vain. En 1914, toute idée de fondation dans les Vosges était abandonnée.

Au moment où les bénédictins débutent les travaux d'édification de nouveaux bâtiments au prieuré de Conques, ils sont surpris par la Grande Guerre. Les premières batailles se déroulent devant la communauté; le village d'Herbeumont (à 2 km du prieuré) est incendié et les soldats allemands réquisitionnent le monastère. « Le drapeau allemand est arboré sur la maison [à plusieurs reprises perquisitionnée], qui devient une intendance » (Rme Dom J. Pothier) Toutes les communications avec la France et les pays alliés seront rompues pendant toute la durée du conflit, les religieux vivront très difficilement dans leur prieuré sans arrêt occupé par les militaires allemands, et subiront de nombreuses vexations. La communauté bénédictine se trouve privée de nouvelles, de ressources et de vivres.

A la fin de la guerre, le 18 décembre 1918, le Rme Père Abbé fête ses soixante ans de sacerdoce (et il fêtera ensuite son 60ème anniversaire de profession religieuse en 1920, pour lesquels le pape Benoît XV le félicitera par courrier). Dom J. Pothier, déjà octogénaire depuis 1915, sollicitera à plusieurs reprises la venue à Conques du prieur claustral de l’Abbaye de Silos, Dom Jean-Louis Pierdait. Le 1er décembre 1919, le Rme Père Abbé de Saint-Martin de Ligugé (en exil à Chevetogne), Dom Gaugain, arrive à Conques pour une visite canonique. Au cours de leur conversation, Dom Gaugain persuade Dom Pothier d’avoir recours à Dom Pierdait, non comme prieur mais comme coadjuteur. Le 24 avril 1920, en réunion capitulaire, Dom Pothier obtient le prieur de Silos comme abbé-coadjuteur. Ce dernier arrive à Conques le 24 mai, et reçoit la bénédiction abbatiale de Mgr Heylen, Evêque de Namur, le 11 juillet 1920 à Chevetogne. Dom Jean-Louis Pierdait succédera, à sa mort, au Révérendissime Dom Pothier comme Abbé de Saint Wandrille et ramènera la communauté en France.

Agé de 88 ans depuis la veille, le Révérendissime Père Abbé Dom Pothier décède le 08 décembre 1923 au prieuré de Conques, écart de Sainte-Cécile (commune de Florenville, Belgique.). Le décès survient le jour-anniversaire de son baptême.

L'Abbé coadjuteur Dom Pierdait demanda au Révérendissime Abbé de Saint Maurice de Clervaux (Luxembourg), le monastère le plus proche, à ce que le corps de Dom Pothier puisse être inhumé dans le cimetière de l'abbaye luxembourgeoise, en attendant le jour où son transfert éventuel pourrait être envisagé. L'Evêque de Luxembourg, Mgr Nommesch, présida en personne les funérailles de l'Abbé de Saint Wandrille le 14 décembre 1923.

A l’annonce du décès, plusieurs lettres et télégrammes de condoléances arrivèrent à Conques. Le 11 décembre arrivait un télégramme envoyé par S.S. le Pape Pie XI (Achille Ratti) : "Rome, le 11 déc. 1923, Sa Sainteté prend part au deuil de la famille bénédictine pour la perte du vénéré et si méritant Restaurateur des Mélodies Grégoriennes. Elle unit ses suffrages pour le repos éternel de ce digne serviteur de la Sainte Église".

Du Révérendissime Abbé Primat de l’OSB (Ordre de Saint Benoît), Dom Fidèle de Stotzingen : « Rome, le 10 déc., Dom Pothier était certainement une des personnalités les plus distinguées de l’Ordre. Moine modèle, il édifiait tous ceux qui l’approchaient par sa bonté et par sa charité. Par son zèle pour le chant grégorien, il s’est acquis les plus grands mérites et sera toujours nommé avec reconnaissance et admiration. Si aujourd’hui le chant liturgique est restauré et estimé dans l’Eglise, cela est dû en grande partie à son zèle et à ses travaux. Espérons que dès maintenant il pourra s’unir aux chœurs des Anges et chanter avec eux au ciel les louanges de Dieu, qu’il a si bien entonnées sur terre ». – Du Révérendissime Père Abbé Dom Ferretti, Directeur de l’Ecole pontificale supérieure du Chant Grégorien : « Rome, le 10 déc., J'apprends la mort du Rme et très cher Père Abbé Dom J. Pothier. C'est un deuil non seulement pour l'Ordre bénédictin dont il fut l'illustration et l'honneur, et pour le monastère dont il fut pendant de longues années le Père, le Maître et le Pasteur, mais pour tout le monde grégorianiste et cécilien (...). Veuillez donc agréer nos plus vives condoléances pour une si grande perte, non seulement les miennes, mais celles de l'Ecole Pontificale supérieure de chant grégorien et de musique sacrée à Rome, qui s'associe à votre deuil et au tribut reconnaissant des prières qui vont être dites pour l'âme d'un Père et d'un Maître bien-aimé ». – De Mgr Foucault, Évêque de Saint-Dié, 12 déc. : « Le nom de Dom Pothier restera uni au chant grégorien, comme celui de Dom Guéranger à la restauration de la liturgie romaine en France. Ses travaux ont creusé le sillon dans lequel ses continuateurs devront marcher sous peine de se jeter en dehors de la bonne voie. Le diocèse de Saint-Dié est particulièrement fier d'avoir donné à l'Ordre bénédictin un moine qui l'aura honoré par ses vertus comme par ses travaux ». Le Révérendissime Dom Maréchaux, Abbé Olivétain, écrit du Mesnil-Saint Loup, le 11 décembre : « Je me rappelle à son sujet la parole de Dom Guépin, Abbé de Silos : Voilà un homme qui, dans sa modestie, est l'auteur de la révolution la plus heureuse et la plus durable qui se soit produite dans l'Eglise ». – Dès le 12 déc., Mgr Du Bois de la Villerabel, Archevêque de Rouen, adressait au clergé et aux fidèles de son diocèse une Lettre pastorale « pour leur faire part de la mort du Révérendissime Père Dom Pothier » : « Saint-Wandrille et ses ruines nous rappellent les temps amers où la France égarée momentanément dans une politique «abjecte» s'attirait le douloureux étonnement des nations amies et réjouissait les peuples ennemis, en jetant sur les chemins de l'exil les meilleurs de ses fils. La conscience nationale, réveillée par la guerre de la justice et du droit s'émeut aujourd'hui d'apprendre que l'admirable savant, l'artiste pieux qu'était le Révérendissime Père Dom Pothier, Abbé de ce monastère, est mort sur la terre étrangère et y dormira son dernier sommeil ». - Dom Mocquereau, dans la Revue grégorienne, évoquait la vie et l’œuvre de Dom Pothier : « Nous avons à déplorer la perte du chef qui, pendant de longues années, mena la bataille et nous conduisit finalement à la victoire : le Rme Dom Joseph Pothier, Abbé de St-Wandrille, vient de s'éteindre doucement à Conques, en Belgique, lieu de son exil, à l'âge de 88 ans ! En témoignage de reconnaissance, nous voudrions rappeler brièvement la part prépondérante et décisive que le vénérable défunt eut dans les travaux qui rendirent à l'Eglise l'antique mélodie de Saint Grégoire. Il suffira, pour faire son éloge, d'énumérer ses oeuvres, de rappeler quelques unes des difficultés qu'il rencontra dans l'accomplissement de sa tâche ; point n'est besoin de grandes phrases : Opera eorum sequuntur illos ».

Au mois de septembre 1936, des fêtes ont commémoré, à Bouzemont (Lorraine), le centenaire de la naissance de Dom Pothier (la date réelle du 07 décembre 1835-1935 n'ayant pu être retenue). Le dimanche 20 septembre, l'abbé Ferry, curé de la paroisse, accueillait le successeur immédiat du Rme Dom Pothier à Saint-Wandrille, l’Abbé bénédictin Dom Pierdait, qui allait chanter, en la petite église (la plus ancienne des Vosges) décorée avec goût, une messe pontificale. Monseigneur Marmottin, évêque de Saint-Dié, présidait au trône, entouré d'un nombreux clergé qui avait pris place dans le chœur, dont l'abbé Guillaume, maître de chapelle de la basilique Saint-Maurice d'Epinal, disciple de Dom Pothier et animateur d'une schola réputée. Dans l'église archicomble, une messe du plus pur grégorien fut exécutée par les petits chanteurs de l'Abbatiale de Remiremont et la schola du grand séminaire de Saint-Dié. On solennisait la fête de Notre-Dame des Sept Douleurs. Après le bel Offertoire Recordare, admirablement interprété par les enfants de l'Abbatiale, le groupe des séminaristes exécuta à la perfection le magnifique motet de Vittoria O vos omnes, et un imposant choral de Bach à voix mixtes clôtura la cérémonie. Après la messe, Mgr Marmottin bénit la plaque de marbre commémorative apposée à la maison natale de Dom Pothier : « Ici est né le 5 [en fait le 7] décembre 1835 Dom Joseph Pothier, restaurateur du chant de l’Eglise ».


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En 1962, soixante et un ans après que Dom Pothier ait dû quitter son Abbaye normande, les restes du Révérendissime Abbé ont été transférés à Saint Wandrille, et inhumés dans le cloître de l’Abbaye, aux pieds de la Vierge Notre Dame de Fontenelle, dans le caveau où reposait déjà son successeur Dom Pierdait.

Texte du nécrologe de l’Abbaye Saint-Wandrille, à la date anniversaire de la mort de Dom Joseph Pothier, le 08 décembre 1923 : "A l'ancien prieuré de Conques en Ardenne, décès du Révérendissime Père Dom Joseph Pothier, premier Abbé régulier de Saint-Wandrille depuis l'instauration de la Commende. Sous-prieur de Solesmes pendant plus de vingt-six ans, dont près de onze sous Dom Guéranger, Dom Pothier travailla avec son Abbé à la restauration de la liturgie en France. Après qu'il eut édité les livres de chant des monastères, il fut appelé à Rome par le Pape Pie X, et se vit confier l'édition vaticane des livres de chœur de la sainte Église romaine. Entre temps, Dom Pothier avait été nommé prieur de Ligugé, puis de Saint-Wandrille. Peu après il devenait Abbé de notre monastère, réalisant le nom de père plutôt que celui de maître, et faisant toujours passer la miséricorde avant le droit. En 1901, il dut prendre le chemin de l'exil avec ses fils et en 1912 fonder Saint-Benoît- du-Lac au Canada. Quelques années après la première guerre mondiale, Dom Pothier s'endormait dans le Seigneur; son corps inhumé d'abord à Saint-Maurice de Clervaux, repose aujourd'hui aux pieds de Notre-Dame de Fontenelle (1)."

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(1) La vierge Notre-Dame de Fontenelle se trouve dans le cloître de l'Abbaye de Saint-Wandrille de Fontenelle, à Saint Wandrille-Rançon (Seine Maritime)

Références

« Dom Joseph Pothier, Abbé de Saint-Wandrille, et la restauration du chant grégorien », Dom Lucien David, A.S.W.

XAVIER MAILLARD LUSTIG - 1999


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